Fais-moi une place au fond d’ta bulle
Isa est séparée. Elle vit seule avec son fils. Ce matin, elle converse avec Alexa, son Amazon Echo qu’elle vient de recevoir. Elle en a même pris un plus petit pour la chambre de Rayan.
Lui, 16 ans, est en seconde au lycée du coin. D’abord, il s’en fout de l’Amazon Echo. Son univers, c’est sa chambre. PROPRIETE PRIVEE, en lettres blanches sur fond rouge.
Il part au lycée. « A ce soir ». C’est tout.
De retour à la maison, à table tous les deux. « C’était bien aujourd’hui ? »
Lui, tête baissée sur son assiette à se presser de finir de manger. « Ouais, ouais. »
Un jour passe. Isa range la chambre de Rayan. Elle a une idée avec son Amazon Echo. « Alexa, tu peux jouer quoi comme musique ? »
Rayan rentre du lycée et file direct dans sa chambre, comme d’habitude.
Isa lance une chanson de Julien Clerc sur l’enceinte intelligente : « Fais-moi une place au fond d’ta bulle, et si j’t’agace, si j’suis trop nulle… » Rayan a compris. Il rejoint sa mère dans la cuisine. « J’peux t’aider ? » « Oui. » Un p’tit coup d’épaule, un sourire. Amazon Echo a recréé le lien entre une mère et son fils.
Vous avez probablement reconnu le spot publicitaire de la marque Amazon.
61 secondes humainement touchantes. Là où le monde numérique est accusé de tous les maux, et particulièrement de distendre les liens sociaux, voilà un contre-pied réussi de la part de l’annonceur.
Parents-ados – Une histoire de toujours
En regardant cette pub, quel parent n’a pas pensé à son enfant avec qui toute discussion est devenue difficile. On ne peut plus lui parler… Elle s’énerve… Il claque sa porte… Elle s’enferme dans sa chambre… Il passe son temps sur ses jeux vidéo… Elle est tout le temps sur son portable… Il est replié sur lui-même… Elle, il me parle mal…
Quel jeune n’a pas pensé à ses parents qui, de toute façon, sont trop vieux et ne peuvent pas comprendre ce que je vis et ce que je ressens. Ils sont toujours en train de m’engueuler ou de me faire la morale. « Moi à ton âge… C’est pour ton bien… ». J’arrive plus à respirer. Ils m’étouffent avec leurs regards insistants et leurs questions toujours les mêmes. Ils peuvent pas m’oublier un peu !?
Faut-il se résoudre au conflit ou au non-dialogue avec son enfant ?
Je ne suis pas certain qu’une enceinte dite « intelligente » soit suffisante pour restaurer le lien, mais là où la pub Amazon dit vrai c’est qu’il suffit parfois d’un petit rien pour changer radicalement les choses.
Je t’aime moi non plus
Les relations humaines, particulièrement au sein de la cellule familiale, sont souvent faites de contradictions. On s’aime, et pourtant on se déchire. Pour autant, il ne serait pas exact de considérer que tous les rapports parents-ados sont nécessairement conflictuels.
Mon métier de directeur d’établissement m’a donné à rencontrer quelques milliers de familles… J’en ai connu dont le dialogue interrompu se renouait dans mon bureau. Pour d’autres, derrière les apparentes certitudes, une larme venait poindre au coin de l’œil.
Quand ça va mal, nul ne détient à lui tout seul la résolution du problème. Pourtant, il y a toujours quelque chose à tenter.
- En tant que parent, ne refusez pas les reproches de votre enfant. Ce qu’il a à vous dire ne vous plaira pas et vous remettra fortement en cause. Mais si vous ne lui en laissez pas la possibilité, il le fera plus tard, à l’âge adulte, et ce sera plus douloureux. Sachez qu’il ne pense pas forcément ce qu’il dit, mais c’est sa manière à lui de vous défier, de tester vos propres limites, et par là de s’affirmer et de grandir.
- Allez vers votre enfant s’il ne vient pas vers vous. Entrez dans sa chambre, asseyez-vous sur son lit et discutez un moment. Manifestez de l’intérêt pour ce qu’il fait. Ne craignez pas de lui parler de vos propres problèmes et peut-être de recevoir ses conseils. Vous n’êtes pas invincible. En partageant votre faiblesse, il comprendra mieux la sienne. N’oubliez pas qu’il y a forcément une part de vous en lui.
- Soyez ferme toutefois sur l’essentiel (la scolarité, les éventuels abus…). Ne perdez jamais de vue votre responsabilité de parent. Se rapprocher de son enfant ne signifie pas copiner ou lui laisser vivre toutes les expériences. Il a éminemment besoin de la solidité de l’adulte que vous êtes.
- Rappelez-vous que le père doit avoir une relation privilégiée avec son fils et la mère avec sa fille. Mais cela ne signifie pas que les relations père-fille et mère-fils soient secondaires.
- Si vous êtes séparés ou que vous élevez seul(e) votre enfant, il peut être difficile de s’accorder sur les choix éducatifs ou de devoir endosser le rôle du père et de la mère. Surtout, ne culpabilisez pas quant à votre situation. Votre enfant a des ressources que vous ne soupçonnez pas. Si vous vous trouvez toutefois dans une impasse éducative, ne restez pas seul(e). Dans votre entourage, une personne peut certainement vous aider.
Enfin, que chacun fasse pour l’autre une place au fond de son cœur et – surtout – le lui fasse savoir.
Thierry Fournier
La Lettre du Professeur Joyeux est un service d’information santé indépendant et gratuit, spécialisé dans la prévention des maladies auprès du grand public et des familles.
Les informations de cette lettre d’information sont publiées à titre purement informatif et ne peuvent être considérées comme des conseils médicaux personnalisés. Aucun traitement ne devrait être entrepris en se basant uniquement sur le contenu de cette lettre, et il est fortement recommandé au lecteur de consulter des professionnels de santé dûment homologués auprès des autorités sanitaires pour toute question relative à leur santé et leur bien-être. Aucune des informations ou de produits mentionnés sur ce site ne sont destinés à diagnostiquer, traiter, atténuer ou guérir une maladie.
You have a Personal Health Question? (Confidential response) or you wish to enjoy our exclusive services? Become an exclusive member of our association for one year by clicking HERE