J’étais la semaine dernière avec Pierre Rabhi en conférence à l’Ecole d’Ingénieurs de Purpan à Toulouse où nous avons donné ensemble deux conférences, l’une aux élèves ingénieurs, l’autre au grand public très nombreux.
Plusieurs élèves m’ont alerté du fait que le mot « agriculture » a disparu du titre de l’Ecole. Elle s’appelait, il n’y a pas si longtemps quand les jésuites étaient encore présents, « École supérieure d’Agriculture de Purpan ».
L’Agriculteur devenant le premier acteur de Santé, il est urgent que l’Agriculture prenne sa vraie place.
J’ai beaucoup appris de Pierre Rabhi comme d’habitude et des nombreuses questions des élèves et du grand public. Voici les questions les plus pertinentes que nous avons reçues dont les réponses méritent d’être largement diffusées.
Notre alimentation et les maladies développées
Le lien entre notre alimentation et les maladies développées dans notre société est-il scientifiquement prouvé, et le cas échéant, dans quelle mesure ?
Il est démontré que 48 à 50% des cancers sont liés à de mauvaises habitudes alimentaires qui réduisent nos défenses immunitaires. Evidemment l’alimentation, la sur-nutrition, n’est pas seule en cause. Il y a le tabac, les pollutions, les perturbateurs endocriniens (le premier étant évidemment la pilule – mais personne n’ose le dire- et les traitements hormonaux de la ménopause). Le stress surtout chronique joue aussi un rôle néfaste car il diminue nos défenses.
Nous sommes noyés de patients atteints de cancer à tous les niveaux de l’organisme, de maladies auto-immunes qui peuvent toucher selon les susceptibilités génétiques tous les organes : la thyroïde avec la thyroïdite ; le tube digestif avec la maladie de Crohn et la rectocolite ulcéro-hémorragique avec toutes leurs complications articulaires, oculaires, cutanées ; les maladies de peau avec le lupus et la sclérodermie ; les maladies rhumatismales avec la spondylarthrite ankylosante, les polyarthrites et même les maladies neurologiques avec Sclérose en Plaques (SEP), Sclérose Latérale Amyotrophique (SLA), Alzheimer et Parkinson ; les maladies musculaires et tendineuses (Fibromyalgie, Myosites et Tendinites)…
Bref il est logique que notre organisme réponde à sa façon à toutes les intoxications liées à de mauvais comportements alimentaires et qui concernent notre vie quotidienne. Les allergies et intolérances alimentaires actuellement sont légion y compris chez les enfants. Les vaccinations trop nombreuses et trop précoces sont en cause, mais ne le dites à personne vous seriez taxés d’être anti vaccins ce qui n’est pas vrai.
Les comportements alimentaires
Au fil de votre parcours, qu’avez-vous observé dans les comportements alimentaires de notre société, que vous déconseillez absolument ?
D’abord une prise de conscience. Le grand public, toutes les générations confondues, sait maintenant que nos habitudes alimentaires associées à d’autres comportements de vie sont à la base de notre santé.
C’est pourquoi il y a tant de monde dans les conférences et tant d’émissions audio-visuelles sur les sujets de santé. Le danger c’est que la plupart des émissions de santé dirigées par des médecins, plus propagandistes qu’hommes ou femmes de santé, sont sponsorisées astucieusement par les lobbies de l’agroalimentaire et des laboratoires pharmaceutiques.
Je m’aperçois qu’un journaliste, qui est aussi médecin et fait semblant d’être à l’hôpital quelques heures par semaine est une des personnalités préférée des Français. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il parle de santé et qu’il donne des conseils qui font plaisir et ne bousculent pas les habitudes.
Son objectif principal n’est pas la Santé, mais donner plus de plasir et pousser à la consommation. Or ce qu’il faut bien comprendre c’est que le vrai plaisir est synonyme de notre santé, pas du business des labos ou de l’industrie agro-alimentaire.
Nous consommons 80% de produits animaux et 20% de végétaux. Il faut inverser ce rapport et nous serons en bien meilleure santé. Nous devons choisir surtout des produits issus d’une agriculture de qualité, biologique, biodynamique, permaculture, agroforesterie pour mieux produire, mieux manger, mieux vivre. C’est le bonheur.
Les trois règles en matière d’alimentation
S’il y a trois règles de base à respecter en matière d’alimentation pour conserver une bonne santé, quelles sont-elles ?
1. Mastiquez longuement tout ce que nous mettons dans notre palais des saveurs. Chaque bouchée doit être mastiquée au moins 20 fois, idélament 35 fois. On stimule ainsi le goût et l’odorat. N’oubliez pas que vous refaites les papilles de votre langue tout les 10 jours et votre odorat tout les trois mois. Les premiers signes de l’Alzheimer et du Parkinson, bien avant perte de mémoire et tremblements sont la diminution du goût et de l’odorat. Leur stimulation est donc nécessaire.
2. Moins de produits laitiers de vache (ils contiennent trop de lactose, trop de calcium et trop de facteurs de croissances), moins de viandes rouges et charcuteries (ils contiennent trop d’acides gras saturés et de sel) à remplacer par poissons, fruits de mer et viandes blanches.
3. Plus de fruits frais, de légumes, de légumineuses et de céréales issues d’une Agriculture Biologique de proximité. Si la cuisson est nécessaire, celle qui est la meilleure pour les goûts et la santé est la cuisson à la vapeur douce, avec un cuit-vapeur ayant un grand compartiment inférieur, à un seul étage avec des trous de 0,7 mm pour laisser passer largement la vapeur, et dont le couvercle est bombé. C’est la plus courte et la plus saine de toutes les cuissons si elle est bien pratiquée. Elle ne dépasse pas 95°C, conserve les meilleurs nutriments et élimine les produits toxiques.
De bonnes habitudes alimentaires dès l’enfance
En ayant de bonnes habitudes alimentaires dès le début de sa vie, pensez-vous sincèrement que l’on puisse éviter de développer un cancer, du diabète ou une obésité ?
Certainement. Cela commence par l’allaitement maternel qui n’est pas assez valorisé en France et pour cause. On préfère pousser, par des publicités aux allégations nutritionnelles alléchantes, les laits maternisés qui ornent de manière outrancière les devantures de la plupart des pharmacies. En Australie comme en Allemagne ou en Scandinavie plus de 90% des femmes allaitent leur bébé, comme le recommande l’OMS, 6 mois intégralement et une année de plus matin et soir avant et au retour du travail.
En France on donnait largement dans les maternités du ”parlodel” ou ”bromocriptine”, médicament dangereux qui bloque la lactation et qui devrait être interdit dans cette indication.
Aux conseils alimentaires que nous donnons, il faut ajouter une activité physique qui fait transpirer pour éliminer les produits toxiques – de plus en plus nombreux – que nous respirons et consommons sans le savoir.
Nous sommes trop sédentaires. Regarder la télé 3h50 par jour, – aux USA, une heure de plus. C’est assurément le surpoids et l’obésité, le diabète de type II et celui de type III qui n’est autre aux USA que l’Alzheimer, la maladie neurodégénérative numéro 1 qu’on promet à presque toutes les personnes âgées. Elle peut toucher tous les milieux sociaux dès 65 ans. Même un ancien président des USA ou chez nous de la République sont touchés.
Regarder n’importe quoi à la télé, c’est perdre des neurones alors que nous sommes capables d’en gagner au moins 700 par jour. La télé actuelle dans ses émissions people est la plus belle entreprise de d’anesthésie des consciences, alors qu’elle pourrait faire tant de bien à toutes les générations. Je propose déjà de l’éteindre pendant les repas, de midi ou du soir et de la supprimer des restaurants.
La modification de nos comportements alimentaires
Si l’on modifie son comportement alimentaire «en cours de route», cela réduit-il significativement les risques, d’après vous? Si oui, comment ?
Evidemment ! Quand vous avez été traité pour un cancer du sein ou de la prostate, ou du colon, du poumon, du rein.. vous n’avez pas envie d’avoir une récidive. C’est pourquoi j’ai publié deux livres l’un sur le cancer du sein avec mon excellente collègue Gynécologue Bérengère Arnal de Bordeaux : « Comment enrayer l’Epidémie des cancers du sein et les récidives » et même chose sur le cancer de la prostate avec l’excellent radiothérapeute le Dr HM Hay.
On guérit aujourd’hui statistiquement près de 50% des patients atteints de cancer, parce que le diagnostic est fait assez tôt. Les 50% que nous ne guérissons pas, c’est que nous les voyons trop tard, à un stade avancé de la maladie. Dans un proche avenir – cela a déjà commencé – nous ferons passer les 50% que nous guérissons, dans la prévention et les 50% que nous ne guérissons pas, dans l’espace diagnostic précoce.
J’ai déjà dit et écrit que nous guéririons tous les cancers en 2045, un siècle après la création des Instituts du cancer par le Général de Gaulle. C’est pourquoi je ne cesse de me battre pour la prévention.
Les médecins devraient donner des ordonnances de prévention plus que des prescriptions médicamenteuses inutiles et souvent dangereuses. Là est l’avenir de la médecine.
Des moyens naturels pour faire face à la pollution
Avec l’usage de pesticides dans les cultures, les hormones qui se retrouvent dans nos cours d’eau, la pollution générée par notre société industrialisée, etc… N’est-il pas illusoire de croire que nous pourrons rester en bonne santé par une bonne alimentation, puisque celle-ci est obligatoirement «contaminée» par tous ces éléments ?
Nous savons où se stockent ces produits dangereux dans notre corps – dans le tissu gras sous la peau – et comment les éliminer : par la transpiration. Mieux que le hammam, l’activité physique qui fait transpirer abondamment est utile pour éliminer ces produits. C’est à cela que sert la transpiration par nos glandes sudoripares.
Nous sommes des bipèdes pas seulement pour marcher, mais capables de courir, quelle que soit l’activité sportive. Cette activité physique régulière, transforme dans notre cerveau les neuromédiateurs du pessimisme (déprime, jalousie, agressivité, insomnie..) en neuromédaieurs de l’optimisme (imagination, créativité, partage, bonheur, joies, sommeil réparateur sans somnifères..).
Sensibiliser aux enjeux de Santé
Lors de vos conférences, vous abordez en 3h une multitude de points, comme le diabète, l’obésité, les cancers, les maladies de peau chez les jeunes, les vaccins… peut-on être vraiment exhaustif en une seule soirée, ou, au final, tous ces thèmes se rejoignent-t-ils ?
Certainement pas exhaustif. Mais mon objectif est de faire réfléchir pour que le plus grand nombre change ses habitudes alimentaires. J’étais récemment avec mon ami Pierre Rabhi et la synthèse de notre conférence commune fut sa phrase : « Soigner la Terre c’est soigner l’Homme. »
La terre nous est donnée pour savoir la respecter. Quand un agriculteur intoxique la terre pour soit disant obtenir une récolte plus abondante, cela ne dure pas longtemps. Une année, deux tout au plus. Ensuite il faut racheter les semences. On s’est moqué des paysans, ils ont compris et ne vont plus se faire avoir. Pierre Rabhi est un éveilleur de conscience et d’humanité.
Nous sommes complémentaires et convaincus que le prochain président de la République, doit comprendre que l’avenir appartiendra à un Ministère d’Etat, chargé de l’Agriculture et de la Santé. Car il faut valoriser les agriculteurs, ceux qui nous fournissent des produits de qualité, de proximité, bio qui nous maintiennent en bonne santé et refuser une agriculture productiviste faite d’AGM (Aliments génétiquement modifiés) parce qu’on trafique la nature avec un seul objectif, le business qui nous prend pour des cons-sommateurs. Le grand public l’a compris et se fera de moins en moins avoir. Les étiquetages doivent préciser la provenance des produits que nous voulons consommer et de quel type d’agriculture..
Vos prises de position ne font pas toujours l’unanimité, notamment avec la récente polémique sur les vaccins ou la corrélation que vous faites entre la consommation de lait de vache et le développement de cancers… que répondez-vous à vos détracteurs sur ces deux points ?
Je ne crains pas leurs arguments trop souvent liés à des lobbies. En voici deux imparables :
Le calcium des produits végétaux, quand ils sont bien mastiqués, est absorbé par le tube digestif jusqu’à 75%, alors que le calcium d’origine animale est absorbé au maximum à 25%… Nous consommons trop de calcium et les excès de calcium du plan national de nutrition santé ne sont pas utiles à notre santé contrairement à ce que chantent les lobbies. Il faut choisir les produits laitiers solides des petits animaux, chèvres et brebis qui ont plus de goûts, lesquels nous rassasient plus vite et nous apportent avec une seule portion par jour suffisamment de calcium et pas trop de facteurs de croissance. Evidemment 4 à 6 fruits frais de saison, de proximité et si possible Bio apportent du calcium avec en plus les fruits secs, amandes, noix, noisettes… C’est le meilleur calcium car il est plus fortement biodisponible.
Le meilleur vaccin pour un nouveau-né c’est le lait de sa maman car il contient tout ce qu’il faut en anticorps et molécules protectrices de la santé du bébé. Quant au système immunitaire de l’enfant, je le répète sans cesse, il n’est pas mature avant 1000 jours après la conception soit le temps de la construction embryonnaire puis fœtale de 270 jours auquel il faut ajouter 2 années après la naissance. Il faut donc revoir de fond en comble le carnet de vaccinations. Le débat grand public à propos des vaccins « obligatoires » ou « recommandés” qui va s’ouvrir va être utile – merci Mme la Ministre – et démontrera que la vaccination « ça se discute », que c’est un acte médical authentique, dont le médecin prescripteur est responsable et pas un homme ou une femme politique…
Que conseillez-vous au grand public pour qu’il s’y retrouve dans tout ce qu’il peut entendre à propos de l’alimentation aujourd’hui ?
D’avoir un peu d’esprit critique. Se poser cette simple question : quand le couple de docteurs XY et XX passe très souvent à la télé pour me parler de santé, cela rapporte combien à la chaîne sans parler de leurs rémunérations, primes et autres subsides. Sont-ils vraiment scientifiques et sincères ou cherchent-ils à me faire passer une nouvelle technique, un dernier vaccin, le dernier somnifère ou anticoagulant, la dernière statine.. dont je n’ai pas besoin ?
Enfin, j’imagine que vous recherchez toujours de nouvelles pistes de réflexion afin de perfectionner encore les conseils que vous donnerez au public en matière d’alimentation : quel est le thème qui vous occupe actuellement ?
Tout ce qui concerne l’humain, ce que j’appelle l’anthropo-logique m’intéresse. Il y a évidemment l’alimentation et toutes les maladies qu’elle peut engendrer ou éviter. Il y a aussi tout le domaine de l’affectivité et de la sexualité, car j’ai compris qu’on ne peut pas vivre sans amour. Mais d’où vient l’amour, à quoi sert-il et où va-t-il ? Ce sera l’objet peut être d’une prochaine conférence et de prochaines lettres.
Pr Henri Joyeux
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